Depuis ses débuts, l'internationalisme ouvrier n'a cessé d'être travaillé, dans ses doctrines comme dans ses pratiques, par le phénomène national. L'étude des archives de la CFDT et de la CGT permet d'analyser la répartition du travail syndical opérée sur le thème de l'immigration par les centrales africaines et françaises. Elle amène notamment à examiner tout d'abord les logiques qui ont conduit les syndicats africains à tenter de contrôler les revendications des travailleurs subsahariens établis en France, puis la marginalisation dont ces derniers ont été l'objet de la part de syndicats français. Plus largement, elle souligne la bureaucratisation du mouvement ouvrier français, qui s'est déconnecté des luttes sociales de l'immigration, participant ainsi à la crise de la représentation syndicale en France.
L'auteur identifie les formes d'internationalisme "transfrontières" (réseau d'alliances liant organisations et militants syndicaux, défenseurs des droits des immigrés et de l'environnement) apparues entre 1994-1998 aux Etats-Unis, en réaction au libre-échange, à la mondialisation et aux développements locaux générés par le North American Free Trade Agreement (NAFTA). Il examine les ouvertures et limites du North American Agreement on Labor Cooperation (NAALC), accord complémentaire sur le travail, ainsi que les éventuelles possibilités pour les travailleurs étrangers et les syndicats d'instaurer une réelle "mondialisation par le bas".
Cet ouvrage relate l'itinéraire des immigrés juifs en Belgique pendant l'entre-deux-guerres. Outre l'approche historique, l'auteur privilégie la dimension socio-économique en étudiant la confrontation de ces immigrés - nationalistes ou révolutionnaires, fuyant l'antisémitisme et la misère de l'Europe de l'Est ou Centrale - à la société d'accueil, leurs relations avec les communistes belges, leur influence dans les secteurs de l'habillement et du diamant, leur rôle auprès des étudiants juifs. Il analyse enfin l'histoire des mentalités en mettant en lumière l'actualité du judaïsme ashkénaze n'excluant pas l'adhésion à l'idéologie communiste.
L'auteur formule un certain nombre de questions relatives à la conscience identitaire des réfugiés espagnols vivant en France avant la guerre civile, à leur nombre, à leur politisation, à leur assimilation, etc., sans toutefois apporter de réponses à toutes. Elle fait état des travaux et sources disponibles, rappelle les statistiques et apporte quelques éclairages nouveaux sur les activités politiques des exilés en particulier.
Historique des migrations pour la période 1851-1918 qui retrace l'apport des étrangers à la mémoire collective à travers le portrait des différentes nationalités qui ont construit la France au vu de leur métier, de leurs luttes, de leur participation au mouvement ouvrier depuis la commune de Paris jusqu'à la première guerre mondiale. Enrichi de photographies d'ouvriers ou de héros de la résistance, cet album retrace les conditions de vie de cette fraction de la classe ouvrière composée de Belges, d'Italiens, de Polonais juifs d'Europe.
Cet entretien qui place la question de la citoyenneté au centre du problème de la politique moderne retrace l'émergence, en France, au 19ème siècle, des classes sociales et du processus d'identité ouvrière avec la formation du mouvement ouvrier et du syndicalisme. Il met en relief l'apparition - dans le contexte de l'opposition entre citoyenneté et identité sociale - de forme d'exclusion et de xénophobie à l'égard des ouvriers étrangers et des femmes. La signification de l'Affaire Dreyfus est évoquée à la lumière de l'insertion du social dans la politique.
L'auteur analyse ici brièvement les rapports entretenus par les émigrés italiens avec le mouvement ouvrier français. Un syndicalisme d'action directe et de tradition révolutionnaire semble caractériser l'immigration ouvrière italienne.
De l'étude des militants d'origine italienne dans le "Maitron", "Dictionnaire biographique du mouvement ouvrier français", il ressort qu'ils s'inscrivent au sein de la communauté italienne entre les deux guerres. Malgré son faible nombre, cette immigration peut être considérée comme politique et économique. Les engagements syndicaux, politiques et «militaires» de ces militants en témoignent. Si on les retrouve dans les rangs de l'antifascisme, celui-ci ne semble pas être le moteur principal de leurs activités qui relèvent avant tout d'un intérêt à la vie politique et syndicale du pays d'accueil et, partant, d'une volonté de s'y intégrer.
Après une présentation de l'organisation légale (loi du 21-03-1884) du mouvement syndical, l'auteur étudie l'influence et le rôle des ouvriers italiens dans le syndicalisme en France (Alpes-Maritimes, Nice). Sensibles aux idées socialistes ils contribuent, dès le début du siècle, à donner au syndicalisme un caractère plus revendicatif et révolutionnaire. Par leur syndicalisation, preuve de leur intégration, et leur prédominance dans la première tentative de grève générale, en septembre-octobre 1903, ils donnent une nouvelle dynamique au mouvement ouvrier local et conquièrent légalement le droit d'être reconnu et de se défendre.
L'histoire du mouvement ouvrier en France, à partir du XIXème siècle, renvoie à un cadre de revendications nationales. La fraction du prolétariat constituée par les travailleurs migrants au sein de la classe ouvrière est vécue sur un mode concurrentiel et contradictoire. Le nationalisme et l'idéologie assimilationniste qui imprègne l'action du syndicalisme ouvrier en témoigne. Depuis 1968, on assiste à une autonomisation des mouvements issus de l'immigration au sein de mouvements sociaux qui se recomposent en raison de la crise économique, de l'urbanisation et de la territorialisation des conflits sociaux.
Analyse du rôle des travailleurs italiens émigrés dans l'histoire du mouvement ouvrier à travers le monde. Nombreux sont ceux qui fournirent une main-d'oeuvre non qualifiée dans la construction de l'infrastructure capitaliste, ou qui se convertirent en ouvriers manufacturiers. Les ouvriers qualifiés et les exilés devinrent des ouvriers activistes dans les pays d'accueil, et les ouvriers non qualifiés ne furent pas dociles. Bien qu'ils ne fussent hostiles ni à l'organisation ni à l'idéologie radicale, ils tendaient à s'isoler et à se marginaliser lorsque leurs préférences ne coïncidaient pas avec celles des travailleurs locaux.
Les Hongrois en Amérique Latine, 1919-1939. Analyse des causes des migrations (crise économique, fuite des juifs devant le fascisme, etc.), de la politique d'immigration et condition d'accueil de la main-d'oeuvre étrangère au Brésil. Etude de cas des ouvriers originaires de Bucarest dans les grandes villes latino-américaines : mouvement ouvrier et politisation dans les pays d'accueil (adhésion au communisme), organisation de la lutte anti-fasciste en Amérique Latine, impact de l'immigration hongroise sur la société d'accueil.
Immigration et syndicalisme naissent en même temps en France, à la fin du 19ème siècle, et se rencontrent sur le terrain de l'internationalisme. Du sentiment internationaliste profond qui anime et caractérise le mouvement ouvrier français à l'élaboration d'une politique syndicale de l'immigration, puis aux prises de position suscitées par la crise économique et aux récentes revendications en faveur de l'insertion des étrangers, une continuité est évidente : le souci d'internationalisme de la Confédération Générale du Travail (CGT), dans le discours aussi bien que dans les actions, fait l'objet de cette analyse.
Les étrangers en France, depuis le milieu du XIXème siècle, sont en majorité des ouvriers. Leur insertion dans la société française s'opère au sein du milieu ouvrier, dans lequel ils connaissent des phases de rejet et d'intégration. Leur destin individuel et collectif est ainsi fortement lié aux évolutions qui affectent le travail industriel et les conditions d'existence de la classe ouvrière. La répartition des étrangers dans cette classe ouvrière est très contrastée : ils sont concentrés dans certains emplois, branches et régions, situation qui les rend vulnérables à la crise économique. L'auteur aborde la dialectique de l'attitude à l'égard des étrangers en recherchant les fondements objectifs des relations interethniques au travail et hors-travail. Pour ce faire, elle s'appuie sur une partie historique, indispensable à la compréhension de la situation contemporaine. Par la suite, elle présente des recherches empiriques dans des entreprises et des quartiers ouvriers, qui viennent compléter la première partie, plus descriptive et macro-sociale.